Le retour en demi-teinte du golf aux Jeux olympiques

Le golf réintègre cette année le programme des Jeux Olympiques pour la première fois depuis 1904.

Les Jeux Olympiques n’ont pas besoin du golf pour exister, une évidence admise par tous. L’inverse est tout aussi vrai, tant le golf se portait bien depuis de longues années.

Tiger Woods en 1996 l’a fait basculer dans une autre dimension. Sa génération de jeunes joueurs est enthousiasmante, et sa tradition semble lui garantir une vitalité sportive éternelle : quatre tournois du Grand Chelem et une Ryder cup suffisent largement à remplir une saison.

L’existence de nombreux circuits professionnels un peu partout dans le monde confirme cette vitalité.

Pourquoi le golf s’est-il mis à genoux, en envoyant ses ambassadeurs Tiger Woods et Michelle Wie supplier le Comité International Olympique de bien vouloir les réintégrer dans le programme olympique après plus d’un siècle d’absence ?
Parce que ça ne va pas aussi bien qu’il n’y paraît.
- La moyenne d’âge des pratiquants, historiquement déjà bien élevée, ne cesse de vieillir.
- Le nombre de licenciés commence à lentement décroître un peu partout dans le monde.
- Les jeunes se détournent d’une discipline chronophage, et qui n’offre pas de gratification immédiate tant elle est difficile à pratiquer.

Inquiets pour leurs revenus, certains fabricants font pression pour faire évoluer le jeu : en proposant par exemple de faire des trous plus gros, histoire de rendre le jeu plus facile. Un non-sens philosophique qui dit bien l’état d’urgence dans lequel se trouve le golf, qui a besoin des J.O. pour ne pas devenir une exception culturelle.

Les meilleurs joueurs du monde se doivent d’y participer, mais ça commence mal. L’Australien Adam Scott (7e mondial) et le sud-Africain Louis Oosthuizen (N°13) ont annoncé leurs forfaits. «Programme trop chargé», ont-ils justifié, une excuse mensongère et désespérante.
Sûr que la saison 2016 est bien trop lourde, avec des tournois qui s’enchaînent non-stop pour faire un peu de place aux Jeux, justement. Mais mi-août, les quatre Majeurs de la saison auront déjà eu lieu. Et la carrière de ces deux hommes n’est plus à faire : ils ont gagné en Grand Chelem (Masters 2013 pour Scott, British Open 2010 pour Oosthuizen) et des millions à la pelle.

Il était de leur responsabilité de se rendre au Brésil, pour promouvoir l’avenir d’une discipline qui leur a tant donné. «C’est une honte pour le jeu de golf, a ainsi déclaré Jack Nicklaus, du haut de ses 76 ans. On a travaillé tellement dur pour y arriver. Notre jeu a besoin d’être stimulé et de s’installer dans les pays où il n’est pas encore présent.» Et de citer la Chine, le Brésil, la Russie ou l’Inde. Pour que le jeu devienne vraiment global, et trouve ainsi un nouveau souffle au 21e siècle.

Au contraire de Vijay Singh, Charl Schwartzel, Louis Oosthuizen, Mark Leishman ou Adam Scott; Jordan Spieth et Rickie Fowler multiplient les déclarations d’amour envers une potentielle médaille d’or. On n’est pas obligés de les croire, parce qu’une victoire en Majeur sera toujours plus importante à leurs yeux. Mais ils ont bien saisi que l’enjeu était ailleurs.